Des avocats et membres des médias critiques du gouvernement et de ses politiques migratoires, sont pour certains arrêtés et d’autres intimidés. 

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Le 6 mai 2024, la police a arrêté là militante antiraciste Saadia Mosbah, opposante à la hausse du racisme à l’encontre des migrants noirs et des Tunisiens noirs. Elle est une victime de la série d’arrestations visant des détracteurs du gouvernement contre le traitement déshumanisant que subit des migrants, pour la plupart originaires du sud du Sahara, ainsi que de la montée des discours xénophobes dans le pays. 

Selon Amnesty International, les forces de sécurité ont multiplié des expulsions collectives illégales de réfugié(e)s et de migrant(e)s, et ont procédé à un certain nombre d’évictions forcées, et ont arrêté et condamné des propriétaires pour avoir loué des appartements à des migrants sans permis.

Des actes à l'antipode du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, dont la Tunisie est signataire. Le pays est supposé assurer le respect et la sauvegarde des libertés d’expression, d’association et de rassemblement pacifique. 

Le Bureau des droits de l’homme de l’ONU dénonce « l’intimidation et le harcèlement » dont sont victimes en Tunisie des avocats et membres des médias critiques du gouvernement et de ses politiques migratoires. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, à travers son porte-parole Ravina Shamdasani, souligne que : « Les droits humains de tous les migrants doivent être protégés et les discours de haine xénophobe doivent cesser ». 

Décret à problème 

Depuis l’élection du président de la République Kais Saied en 2019, la situation des Droits de l’homme connaît un net recul. Après le décret promulgué en septembre 2022 pour réprimer la diffusion des « fausses nouvelles », plus de 60 personnes dont des journalistes, des avocats et des opposants ont fait l’objet d’arrestation sur la base de ce texte, selon le Syndicat des journalistes. 

Le 12 mai 2024, 300 personnes se sont rassemblées à l'appel du Front du salut national (FSN), la principale coalition de l’opposition, pour demander la libération de tous les prisonniers politiques, parmi lesquels une quarantaine de militants et de hauts responsables du FSN. Les acteurs politiques ainsi que les organismes internationaux appellent à la fin de “l’État policier”, 

Amnesty International, quant à elle, demande l'ouverture d'une enquête pour s’assurer que l’État tunisien n’est pas complice de violations des droits fondamentaux des migrants et des réfugiés, ni de la répression exercée contre des médias, des avocats, des migrants et des militants. 

 

Par Djimi Amadou Ahidjo